Le journal de Vincent

Le Japon comme vous ne l'avez jamais vu auparavant

3.4.09

Une place en crèche


Aujourd'hui, je me décide à vous parler des crèches, plus particulièrement celle où va ma fille.

Cela fait déja 1 an que ma fille est entrée en crèche et début avril, elle est donc rentrée dans sa deuxième année.
Petit rappel : l'année scolaire au Japon commence en Avril pour finir en Mars.
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A Tokyo, le système pour entrer dans les crèches diffèrent selon l'arrondissement, les règles et les contraintes y sont propres.
Ce qui suit se réfère donc au quartier de Meguro 目黒, là où nous vivons.
Je sais qu'à Paris, il est difficile d'avoir une place en crèche, à Tokyo ça l'est aussi je vous rassure, tout y est très strict et réglé comme du papier à musique.

On trouve des crèches publiques et privées ainsi que des nourrices.
Mais les nourrices sont rares et ne gardent que très peu d'enfants (pas plus de 5).
Elle sont généralement plus chères que les crèches publiques.
De toute façon, au Japon, on ne confie pas son enfant facilement, c'est pour une de cette raison aussi que beaucoup de femmes arrêtent de travailler pour s'occuper de leur enfant, plutôt que de le laisser à une "étrangère".

Les crèches privées sont nombreuses mais très chères.
Tenez vous bien, cela peut monter jusqu'a 80000 yens par mois (~600 euros) et certaines vont même jusqu'à proposer un système de vidéo surveillance par Internet, histoire de toujours avoir un oeil sur son enfant.
Malgré le prix, ces crèches restent tres sollicitées donc ce n'est pas facile non plus d'y trouver une place.

Concernant les crèches publiques, ce sont celles qui sont le plus convoitées, vous pensez bien.
Elles sont bon marché, grandes, bonnes et proposent beaucoup de service.
Le point noir : trop peu de place.
En fait, tout dépendra de votre quartier, mais à Meguro, les familles étant nombreuses, la demande est plus forte que l'offre.

Pour demander une place à la crèche, il faut d'abord s'adresser à la mairie et remplir un dossier au mois de novembre, dossier qu'il faudra redéposer avant la fin de l'année.
Dans ce dossier, de nombreuses questions personnelles comme :
- combien gagnez vous par mois ?
- quels sont vos horaires de travail ?
- quel travail faites vous ?
- depuis combien de temps travaillez vous ?
etc...
Peut-être que c'est la même chose en France, à vous de me le dire !

Le plus important est qu'il faut à tout prix que les 2 parents travaillent à plein temps pour avoir une chance d'être parmi les selectionnés.
Beaucoup de femmes travaillent à temps-partiel donc les gens "trichent" en remplissant le formulaire à leur guise afin d'avoir un dossier "parfait".
En effet, il est inconcevable de demander une place en crèche si un des parents ne travaille pas.
En tout cas, je trouve les contraintes très strictes et cela n'arrange pas tout le monde.
Je connais un couple dont la femme ne travaille pas, qui cherche du travail, mais qui ne peut se déplacer du fait qu'elle doive s'occuper de son enfant.
Comme beaucoup de choses au Japon, si vous ne rentrez pas dans le "rang", vous êtes éjecté !

Le dossier déposé, il faudra attendre un mois pour avoir une réponse.
Dans le cas d'une réponse positive, alors vous pouvez sortir le champagne.
Normalement, on vous attribuera la crèche la plus proche de chez vous.
Dans notre cas, nous avons eu beaucoup de chance puisque la nôtre se trouve à 5 minutes à pied de la maison, le top !

Si réponse négative, alors, vous serez mis sur liste d'attente, en attendant que quelqu'un se désiste.
Si personne ne se désiste, alors il sera pratiquement impossible de trouver une autre crèche pour l'annee.
Il vous faudra attendre un an de plus pour espérer avoir une place.

Avoir une place en crèche publique est donc une chance que tout le monde ne peut pas avoir, on peut s'estimer heureux.
Le prix variera selon vos salaires et l'âge de l'enfant : vous payerez plus cher pour un enfant de 4 ans que pour un enfant d'un an.
De même, plus vous gagnez d'argent, plus vous devrez payer.
Mais dans tous les cas, cela reste bien moins cher que les crèches privées et autres nourrices.

Au Japon, on aime les règles et bien entendu vous serez obligé de respecter les règles propres à l'établissement.
Dans notre cas, par exemple, nous ne pouvons pas laisser la petite pour faire une journée solo shopping ou cinéma.
Si on ne travaille pas alors on doit garder l'enfant à la maison et aviser la crèche.
Assez contraignant, on peut tricher là aussi, mais si votre enfant est malade et que la crèche appelle votre société et qu'ils apprennent que vous n'y êtes pas, alors vous êtes mal.
En effet, ici, on ne donne pas son numéro de téléphone personnel mais celui de bureau.
En cas de fièvre par exemple (plus de 38), la crèche refuse de garder votre enfant et vous demande de venir le chercher au plus vite.
Et ne croyez pas que l'on puisse quitter son boulot comme ça au Japon, c'est très très mal vu.
C'est d'ailleurs pourquoi beaucoup de sociétés refusent d'embaucher les femmes qui viennent d'accoucher.
Les congés maternité existent mais c'est comme les vacances, ça fait partie des "légendes urbaines", personne ne les prend et on préfere démissionner et reprendre le travail plus tard.
Enfin, je reviendrai sur ce point une prochaine fois.

En ce qui concerne les horaires, c'est plutôt bien, on peut laisser son enfant à partir de 7 heures du matin jusqu'à 7 heures du soir.
Une tranche horaire assez large qui satisfera tout le monde.
Pour notre petite de 2 ans, le déjeuner est servi à 11h30 puis vient la sieste quelques heures après.
Les enfants ont le temps de s'amuser toute la matinée ainsi que l'après-midi.
Il y a en général une institutrice pour 5 enfants, et ça marche plutot bien comme ça.

Personnellement, je n'ai rien à reprocher à notre crèche, les instits sont sympas, la directrice aussi, tout se passe dans la meilleure entente possible.
Le déjeuner est préparé par une nutritionniste agréée donc les repas sont bien équilibrés et variés.
Moi qui m'attendait à ce que les enfants mangent uniquement du riz et de la soupe Miso et bien j'avais tout faux.
Ils mangent du pain, des légumes, du lait, etc... c'est donc très différent de ce qu'on peut manger dans une famille japonaise.

Petit bémol, l'interdiction de laisser les chaussettes aux pieds, c'est pour éviter qu'ils ne glissent sur le parquet.
D'accord mais l'hiver, il fait assez froid et comme l'isolation des maisons au Japon n'a rien à envier aux maisons occidentales, il n'y a rien de plus facile pour attraper froid.

Au Japon, on parle de crèche "Hoiku'en' 保育園" et d'école maternelle "Yotchi'en' 幼稚園" mais ce n'est pas tout à fait organisé comme en France.
A la crèche, on peut laisser son enfant à partir de 3 mois jusqu'à 6 ans, et ce, du matin au soir.
Pour l'école maternelle, c'est à partir de 3 ans jusqu'à 6 ans mais seulement jusqu'en milieu d'apres-midi.
Ce qui veut dire que les 2 parents ne peuvent pas travailler à temps plein lorsque son enfant est à l'école maternelle.
Une place à la crèche sera donc privilégiée par rapport à l'école maternelle.
La différence, je dirais, est que la crèche est plus une garderie qu'autre chose, alors que l'école maternelle, il y a un enseignement.

Voilà pour un premier aperçu sur la chose, je reviendrai sûrement sur le sujet un de ses quatre.